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Il suffit d’écouter les femmes

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L'Université Panthéon-Assas et l'INA organisent une table-ronde sur le thème de l'avortement clandestin

« Il suffit d’écouter les femmes » est un projet mémoriel initié à l’occasion des 50 ans de la loi Veil en janvier 2025 par l’Institut National de l’Audiovisuel. En prenant au mot l’argument que la ministre de la Santé Simone Veil asséna en novembre 1974 devant une Assemblée Nationale presque exclusivement masculine, ce projet souhaite combler à sa manière une lacune essentielle : a-t-on vraiment écouté les femmes qui ont avorté clandestinement avant la Loi Veil ? Sait-on comment elles avortaient, combien cela coûtait, qui les aidait, etc. Souvent racontée sous l’angle des mobilisations collectives, des débats politiques et parlementaires, l’histoire de l’avortement clandestin s’est encore peu écrite avec ses acteurs et actrices du quotidien (avortées, avorteuses, médecins, maris, intermédiaires, avocat, magistrat, etc.).

Entamé en janvier 2022 à l’initiative de Isabelle FOUCRIER, ce projet mémoriel a été  coordonné éditorialement par Eve MINAULT et scientifiquement par l’historienne Bibia PAVARD, maîtresse de conférences à l’Université Paris-Panthéon-Assas et chercheuse au CARISM, entourée comité scientifique transdisciplinaire. Il a permis de recueillir 79 entretiens filmés aux quatre coins de l'hexagone et dans les Outre-mer. Pensés comme les « archives de demain », ces récits, entièrement accessibles en ligne depuis janvier 2025 sur le site Entretiens patrimoniaux INA , cherchent à refléter l’époque, la pluralité des territoires, des origines, des méthodes abortives.

Cette collecte de témoignages a mobilisé une large équipe qui a lancé un appel à témoins national et fourni un travail d’enquête. Plus de 400 personnes se sont portées volontaires pour être filmées et partager leur expérience. Ce vécu obsédant, angoissé, douloureux, dangereux, libératoire ou traumatique n’a jamais été enregistré dans ces proportions. De témoignage en témoignage, on retrouve l’absence d’éducation sexuelle, la honte de découvrir sa grossesse, le conflit sourd entre le corps qui veut et l’esprit qui ne peut pas, la quête effrénée et solitaire d’une solution, la crainte d’être dénoncée, la possibilité de la mort, les violences gynécologiques ou sexuelles, la table de cuisine, la douleur, le soulagement…Et la page qu’il faut tourner.

Si l’opération a consisté à donner majoritairement la parole aux anonymes, elle fait aussi entendre le récit de deux personnalités : l’écrivaine Annie ERNAUX qui avait rendu public son propre avortement dans son ouvrage fondateur, et l’ancienne garde des Sceaux Christiane TAUBIRA, qui révèle pour la première fois l’avortement clandestin qu’elle a subi en fin de Terminale.
Pour donner une plus grande publicité à ces récits, les témoignages se déclinent également sous la forme d’un documentaire réalisé par Sonia GONZALEZ, d’une série de podcasts réalisée par Julie AUZOU et d’un livre écrit par Léa VEINSTEIN.

L’INA et l’Université Paris-Panthéon-Assas organisent une table ronde le mardi 11 février 2025 à 18h au 87 NDC afin d’échanger sur la démarche qui a présidé à cette collecte patrimoniale et réfléchir aux suites éditoriales et scientifiques qu’elle permet.

Programme et inscription