Aurore Gorius revient sur les lieux de sa formation
Revenir à l’IFP, ça vous rappelle des souvenirs?
Les locaux n’ont rien à voir avec ce que j’ai connu. À l’époque on était dans des locaux d’Assas. Notre salle était toute petite et n’avait pas de fenêtres! Entre nous, on l’appelait « le bunker »! Mais ça a été une très bonne année pour moi. Après Sciences Po, j’avais besoin de quelque chose de concret et c’est ce que j’ai trouvé à l’IFP: découvrir et se tester dans les différents médias, rencontrer des professionnels avec un certain recul sur le métier. Avant l’école, j’avais fait quelques stages en presse régionale, la formation a permis de me conforter dans mon choix de me lancer dans la presse écrite.
Vous revoyez encore des personnes de votre promotion?
Oui bien sûr, notre promotion était très soudée. Je revois énormément d’anciens élèves même si on a aujourd’hui des parcours très différents. J’ai aussi des contacts avec les professeurs: Bertrand Legendre du Monde ou encore Mark Hunter, le spécialiste de l’investigation. Avec ceux de ma promo, on a conservé une de ses maximes: « chercher le fric, il faut toujours chercher le fric ».Une de ses clés pour une bonne enquête. Mais attention, il faut le dire avec son accent américain! (sourires).
C’est justement avec Mark Hunter que vous avez gagné votre premier prix journalistique.
Oui, avec d’autres élèves, on a remporté le prix américain Investigative reporters and editors. On en était très fiers! Nous avons enquêté sur une loi touchant les salaires des hommes politiques et comment un mécanisme avait été crée pour reverser leurs dépassements de salaires à des membres de leur parti. Un détournement qui concernait 45 millions de dollars sur la décennie passée. Le Figaro avait publié notre enquête.
Cela vous a donné envie de continuer dans l’investigation?
Dans un premier temps, j’ai travaillé pour un quotidien: France Soir. Pas vraiment le format adapté pour des enquêtes d’investigation mais ça a été très formateur. Ça m’a permis d’apprendre à écrire vite et bien et de me constituer au fil du temps un carnet d’adresses. C’était aussi l’époque de la première réforme des retraites en 2003. La CFDT était le seul syndicat à l’avoir signée. Avec un collègue, Michaël Moreau, on a voulu savoir quelles seraient les conséquences sur l’avenir du syndicat. Nous en avons fait un livre qui est sorti en 2006, l’année du congrès de la CFDT. C’est un autre aspect du journalisme qui me plaît beaucoup. C’est plaisant de pouvoir creuser un sujet. Et puis ça m’a rendu meilleure en entretien et en écriture. Au bout de cinq ans, je suis passée au magazine Le Point où j’ai poursuivi sur les questions sociales. Je viens de partir. Actuellement, je suis de nouveau sur une enquête, plus politique. Je ne peux pas encore développer le sujet mais elle sera publiée en 2011.
Depuis votre passage, l’IFP a obtenu la reconnaissance de la profession, quelle réaction avez-vous eu en l’apprenant?
C’est une amie de ma promo qui a fait tourner l’information. J’en suis très heureuse! Déjà quand nous étions dans l’école, on en parlait. J’ai été contente que le travail de l’IFP ait été reconnu, il y a une très bonne équipe pédagogique et l’école le mérite. Je trouve bien que les écoles se développent, ça apporte une plus grande diversité et puis mine de rien ça valorise aussi mon diplôme…
Pour finir, auriez-vous quelques conseils pour les futurs journalistes?
Faites vous des réseaux! On en a toujours besoin, le milieu fonctionne beaucoup comme ça. Et puis je conseillerai aussi de ne pas rater une opportunité d’intégrer une rédaction, même si ce n’est pas celle de ses rêves. Il est bon d’être dans une structure plutôt que de rester pigiste. C’est très formateur. Cela permet d’être avec des journalistes qui ont de la bouteille, de suivre leurs conseils et leur manière de travailler et de se faire des contacts.
Propos recueillis par Claire Cambier
Master Professionnel de Journalisme promotion 2008-2010